Déguster des plantes sauvages, mais ne pas confondre comestibles et toxiques…

 

Nous  ne vivons plus à l’époque où l’homme se nourrissait de cueillette et était en contact permanent avec son environnement naturel, qui lui permettait de se nourrir , de se soigner, et de se vêtir.

Il nous faut maintenant du temps, des outils, et des « maîtres »  pour acquérir des connaissances suffisantes pour se faire plaisir en toute sécurité , en consommant des plantes sous forme d’aliments ou de tisanes.

Lors des stages que nous organisons, nous insistons toujours à  Calenduline, sur quelques points essentiels :

  • Se donner les moyens d’observer finement les plantes et de relever les détails qui permettent de les reconnaître
  • Rencontrer les plantes à différents moments de leur croissance, et dans différents lieux, pour savoir les reconnaître en toutes circonstances.
  • Apprendre à connaître les plantes toxiques, surtout celles qu’on peut confondre avec des « bonnes » plantes, médicinales et/ou comestibles
  • Ne pas utiliser une plante qu’on ne sait pas reconnaître et nommer avec certitude

Les photos sur papier ou sur internet sont souvent insuffisantes ou peuvent prêter à confusion. Les livres, même bien faits, ne remplacent pas les sorties sur le terrain et le travail de détermination, avec des personnes compétentes et expérimentées dans ce domaine.

Les empoisonnements à base de plantes sauvages étaient devenus rares, plus fréquents avec des plantes d’appartement ou de jardin.

Mais avec l’intérêt accru pour la nature et les sauvages comestibles, et une médiatisation sur ce sujet souvent superficielle, insistant  plus sur le côté spectaculaire que sur une information sérieuse et concrète, deux intoxications mortelles ont eu lieu cette année 2020 :

l’une en mai avec le colchique , l’autre début août avec l’oenanthe safranée ; c’est trop et cela ne peut que réveiller méfiance et peur à l’égard des plantes sauvages. Cela conduit aussi à une demande de cadre réglementaire pour régir les stages de survie (cf pétition sur change.org).

Penchons nous sur ces deux drames :

*  Confusion mortelle entre ail des ours et  colchique le 1er mai, en Alsace

Un homme âgé d’une cinquantaine d’années, sans problèmes de santé connus, est mort d’une intoxication

Lors d’une cueillette en forêt, « il a confondu l’ail des ours, qui est comestible, et le colchique », et en a consommé plusieurs jours sous forme de pesto, d’après Centre antipoison Est, basé à Nancy .

En 2019, les centres antipoison ont rapporté 31 cas d’exposition au colchique, dont 4 intoxications graves.

Mais cela fait plusieurs années que nous n’avions pas eu de décès en France concernant une intoxication mortelle liée à la consommation de colchique.

https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/intoxication-mortelle-dans-le-grand-est-apres-une-confusion-entre-colchique-et-ail-des-ours-1588670813

 

 

Les feuilles du colchique apparaissent au printemps, en même temps que l'ail des ours.

Elles sont dressées, pointues et sans pétiole, alors que les feuilles d'ail des ours sont molles et ont un long pétiole.

Au coeur des touffes de feuilles du colchique, apparaît le fruit de la plante ayant fleuri à la fin de l'été précédent. 

Généralement , le colchique fréquente des milieux plus ouverts, moins ombragés que l'ail des ours, mais on peut les rencontrer ensemble.

 

* Intoxication mortelle avec l’oenanthe safranée lors d’un stage de survie dans le Morbihan

 

Ce stage de survie était organisé par une structure qui propose des stages dans différents lieux  . D’après le journal Ouest France :

Un jeune homme est décédé le 11 août dernier, trois jours après avoir été intoxiqué en mangeant une plante sauvage, lors d’un stage de survie en Bretagne. L’organisateur du stage, un ancien militaire polynésien, a été placé en détention provisoire le 14 août. Il est poursuivi pour homicide involontaire, blessures involontaires, faux et usage de faux et détention illégale d’armes.

« Quand on ne connaît pas, on n’y touche pas. » John Malardé, organisateur de stages de survie qu’il déploie deux fois par mois en terre bretonne, l’assure. « Ulysse, ce jeune de 26 ans qui a été intoxiqué, a commis une erreur en ingérant cette plante que je n’avais pas autorisée et en la cuisinant pour d’autres.

 

Une des victimes, qui a participé à ce stage, témoigne et ne confirme pas les propos de l’organisateur : « John Malardé a désigné cette plante comme étant de la carotte sauvage comestible. Nous l’avons cuisinée devant lui. Nous avons tous été très malades, hospitalisés. Tous victimes de vomissements, de troubles de la vue, de paralysie, perte de conscience… C’était violent. Malheureusement, un jeune de 26 ans en a mangé plus que les autres. Nous nous en sommes tous mieux sortis. Pas lui. »

Voir l'article complet :

https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/morbihan-stage-de-survie-la-victime-est-decedee-6938043

 

Choquée que cet accident ait pu se produire lors d'un stage encadré,  j'ai fait mon enquête sur le site internet de la structure qui organise ces stages (toujours programmés…) : ils proposent surtout d’apprendre à faire un abri, faire du feu, filtrer l’eau (style scoutisme) …  mais rien sur les plantes.

Aucune présentation des animateurs, dont on ne connaît pas les compétences.

 

A propos de l'oenanthe safranée :

Dix cas d’ingestion involontaire d’œnanthe safranée ont été rapportés en France entre 2012 et 2018, selon le bulletin des vigilances de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

Voir aussi :

https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2020/06/11/mort-apres-avoir-consomme-une-plante-toxique-de-son-jardin/

 

Continuez à sortir dans la nature, à  vous intéresser aux utilisations des plantes, mais en vous formant et en restant toujours vigilants !

Le stage sur les plantes toxiques organisé fin juin n'a rassemblé qu’une poignée de personnes : il aurait dû intéresser plus de monde, car encore une fois, la connaissance des médicinales et comestibles est indissociable des toxiques.

Par contre, pendant la semaine d’août, j’ai constaté avec plaisir l’intérêt d’un certain nombre de participants pour une botanique vivante et ludique, qui permet de progresser dans la détermination et reconnaissance des plantes . D'autres ateliers peuvent être organisés à la demande.

Solange REGNAUD

Pour débuter dans la famille des apiacées et apprendre à reconnaître la carotte sauvage, allez voir la vidéo proposée par les "Chemins de la nature"

La famille de la carotte : mortelles confusions !